LES PROMESSES DU MAGMA
Ève Magot x Casey, 2016
Dans le Cadre des Sujets à Vif d’Avignon 2016, sur une proposition de la SACD et du Festival d’Avignon.
Les promesses du magma c’est qu’un jour où l’autre ça va péter, que sous la pression qui monte la lave va couler, qu’on ne pourra pas l’arrêter.
« Une grosse éruption dégueulasse qui fait gicler la moitié de mon cratère de mes tripes pulvérise des forêts des vallées des gouvernements je veux déborder de mon enclos je veux enfoncer tes barrières je veux défoncer mes barrières ». Ève
« Je veux dissoudre le béton, les digues, faire fondre les barreaux. Réduire vos pulsations au chiffre zéro avec le poing serré. J’ai des envies de tueur en série. Le franc-parler de ceux qu’on a traités comme des fruits pourris. Moi, je suis la périphérie, je suis la fougue, je suis l’hystérie, je suis le vodou, je suis l’immigration, je suis l’islam, je suis la peur. Je voudrais juste un peu de calme profond et de féerie. » Casey
PRESSES |
---|
Un spectacle vu et approuvé par Imhotep d’I AM: « J’ai bien aimé le magma. » |
CRÉDITS | |
---|---|
Création et interprétation | Casey et Ève Magot |
Regard extérieur | Nina Santes |
Remerciements | Dj Kozi et Bastien Lefèvre |
Durée | 30 minutes |
Production | La Fronde et A-Parté |
Coproduction | SACD-Festival d’Avignon, |
L’échangeur – CDCN – Hauts de France | |
La Ménagerie de Verre – Paris dans le cadre des Studiolab | |
Théâtre Louis Aragon – Tremblay-en-France |
DATES | |
---|---|
6 octobre 2016 | Festival C’est comme ça, L’échangeur – CDCN Hauts-de-France |
18 – 23 juillet 2016 | Festival d’Avignon, dans le cadre des Sujets à Vif 2016 |
« J’ai l’impression d’être le volcan d’être un volcan je suis né volcan je suis un volcan éteint calme tranquille en surface verdoyant luxuriant grouillant riche de vies et de cris
Mon ventre se tord se creuse se dilate se remplie je suis plein trop plein je monte en pression envie de me vider d’exploser d’expulser de me libérer
Envie d’éruption que tout pète que tout change envie de me détruire que la pression fasse exploser ma face que quelque chose craque crève quitte à me faire sauter le crâne à rependre mes fluides
Une grosse éruption dégueulasse qui fait gicler la moitié de mon cratère de mes tripes pulvérise des forêts des vallées des gouvernements je veux déborder de mon enclos je veux enfoncer tes barrières, je veux défoncer mes barrières
Je veux être un mont Saint Helens méconnaissable
Mes racines sont profondes je suis là ancré je serais là après oui je serais là la moitié de la gueule arraché méconnaissable soulagé par cette destruction de mon identité mais je serais là
Je veux que ce soit sale énorme gris fumeux asphyxiant apocalyptique autant que cette tristesse qui parcourt ma chambre et fait fondre mes entrailles
Qu’implose ce trou noir qui effondre ma poitrine et m’absorbe sans relâche
En avant pour la table rase la dévastation l’annihilation et puis après peut être le soulagement
J’ai envie de me vider je me vide les larmes sortent de mon corps sans fin je suis laid je m’enlaidis ces coulées sur mes joues ne rougeoient pas joliment dans le noir je suis laid
Je me vide sans bruit petit à petit un trop plein évacué matin midi soir matin midi soir je me vide seul je me vide dans mon lit dans le métro dans la rue en public au boulot au café à vélo je me vide mon estomac s’agite un vomi de tristesse qui me retourne qui doit sortir je me vide des mois de chiasses des mois de pleures des mois des mois des mois
Je suis un volcan hawaïen je suis le Kilauea jeune beau puissant actif toute la nuit crachant sans discontinuer du liquide chaud qui coule sur mes flancs remplie mes crevasses avance sans s’arrêter durcie puis avance à nouveau des fluides me dévalent me vident m’avalent je m’avale je plonge dans l’océan je m’étale je suis déséquilibré je suis un mec déséquilibré ma chambre s’assèche mon bassin ploie je m’effondre sous mon propre poids je suis une caldera sèche aride sans vie sans émotions sans désirs ni envies
Une solitude galactique ou rien ne résonne pas de bruits pas d’amis pas de cris d’enfants dans la cours pas de vent dans les feuilles
Des millénaires passent le temps glisse file entre mes doigts ce temps géologique que je n’ai pas mais qui s’impose à moi à toi à nous ce putain de temps qui file glisse et s’impose
Du lichen apparaît sur mes crêtes des colonies de lichens des mousses spongieuses des plantes odorantes des arbrisseaux fluets des arbustes colorés des arbres centenaires des insectes grouillant des rongeurs rampant des mammifères qui tètent de l’humus chaud et accueillant des cris des bruits de la vie je suis parcouru de vie qui se déploie et colonise je suis colonisé de la vie partout la vie m’entoure je me sens vide la vie me remplira je le sais la vie me remplira oui la vie me remplira encore quelques millénaires et de nouveau cristaux pousseront dans mes yeux dans ma bouche dans mes grottes mes boyaux dans mes reins sous mes pieds dans mon sexe dans mon ventre dans mes mots sur ma peau
Encore quelques millénaires de patience »